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le pangolin
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10 juillet 2006

Elections au Congo rive droite : entre boycott et participation

A l’orée des élections législatives et présidentielles qui se profilent respectivement en 2007 et 2009 au Congo rive droite, et compte tenu de la situation politique, sociale et économique difficile, de la méfiance qui caractérise le personnel politique congolais, l’on est en droit de s’interroger sur les motivations des  protagonistes de ces élections. Les conditions socio-politiques qui entoureraient ces élections pour le moment ne permettent pas de prédire une issue pacifique.

Alors dans ces conditions la question qui se pose actuellement aux Congolais est la suivante : participer ou pas aux élections législatives de 2007 et présidentielles de 2009 ?


L’opposition congolaise, malgré son désir d’y participer,  accuserait déjà le pouvoir en place de les truquer. Elle se trouve pour cela confortée dans cette idée par les expériences  Togolaise, Burkinabée, gabonaise, et Tchadienne, même si de façon objective le Bénin fait figure d’exception. Dans ce dernier cas on peut avancer l’argument que le Bénin avait  réussi son alternance et le renouvellement de la classe politique s’opère de façon positive et qui plaiderait pour une participation aux élections.

Une autre partie de l’opposition préconiserait le boycott, en accusant le pouvoir en place de manque de sincérité et de culture démocratique. Pour elle, la constitution actuelle taillée sur mesure pour le président Sassou n’a pas permis une vie démocratique réelle d’où absence de notion de tolérance et de culture démocratique au sein du personnel politique. En effet la vie politique dans une démocratie n’a pas eu lieu en commençant par le parlement qui n’aurait pas joué son rôle.

La partie de l’opposition contre ces élections croit aussi davantage, que l’issue est déjà connue d’avance, le pouvoir actuel n’avait pas hésité à prendre les armes en juin 1997, quand bien même les élections étaient prévues pour le 27 juillet de la même année. Les élections qu’il organisa par la suite furent empreintes de fraudes massives, de l’aveu même de certains membres influents du PCT (parti au pouvoir).

La partie de l’opposition opposée aux élections pense que si les élections ont lieu, c’est pour conduire à un changement de régime. Ce qui fait que les tenants du pouvoir compte tenu des enjeux financiers énormes détenu par certains milieux ethno-oligarchiques auraient du mal à lâcher du lest dans la gestion de ces élections, d’où la tentation de la fraude à défaut de convaincre par la concussion et la corruption les derniers des irréductibles.

Ainsi avant 2007 et 2009, l’opposition dans sa globalité débat de la question. C’est pour essayer d’apporter un élément de réponse que j’expose ci-dessous mon avis. 

Participer ou pas aux élections législatives de 2007 et présidentielles de 2009 ?

Ce qui nous amène à s’interroger sur le rôle du parlement congolais au vu de la constitution actuelle et surtout des pratiques parlementaires observées ces cinq dernières années (2002-2007). Tous les analystes congolais s’accorderont à dire que le parlement congolais n’a aucun pouvoir du fait de son impossibilité de sanctionner le président de la république.

Deuxième élément d’analyse est le non-renouvellement du personnel politique, l’ancien personnel du fait de ses atavismes culturels notamment le droit d’aînesse, accepte difficilement d’accorder de la place à la jeune génération. Il faut aussi souligner que l’ancienne génération est aidée en cela par la pusillanimité des jeunes, ces derniers se considèrent toujours enfants même à 40 ans. Ils ressentent le besoin de se soumettre volontairement à un yaya (grand, vieux). Il faut dire qu’ils ont été éduqués dans ce sens.

En ce qui concerne l’élection présidentielle de 2009, quels sont les éléments qui plaideraient à une  ouverture d’esprit démocratique de la part de Sassou, au cas où ce dernier arriverait à perdre?

Pour l’heure je crois qu’il n’en existe aucun. Sassou aime le pouvoir et est entouré de tout un monde qui ne voudrait jamais lâcher le pouvoir. La preuve, en 1992 après avoir obtenu 17% des suffrages des Congolais, éliminé dès le premier tour (3è),  en tant que président sortant,  il a fait la guerre à un président élu démocratiquement 5 ans plus tard en 1997.

En plus de 20 ans de pouvoir, s’il avait l’esprit démocratique et la notion d’honneur qui caractérise les grands hommes comme Mandela Madiba, il aurait accepté de rendre son tablier au vu de son catastrophique et meurtrir bilan. Ce qui n’est pas le cas et je ne vois pas « Sassou organiser son suicide politique » comme qui dirait l’autre.

Au vu de ces éléments une première réponse négative s’impose. Il vaut mieux laisser Monsieur Sassou seul, continuer à montrer qui il est véritablement et surtout l’obliger à prendre ses responsabilités historiques comme en 1990 et 1992.

En effet l’agitation politique de l’opposition congolaise en vue des élections de 2007 et 2009, prouvent par là qu’elle n’a rien compris à l’action politique et surtout à l’essence même du suffrage universel.

Pendant  cinq ans elle s’est illustrée par sa complaisance en participant à un semblant de démocratie soit-disant au nom de la paix, le pompier pyromane faisant croire aux victimes que ce sont eux les pyromanes drôle de technique.

L’opposition congolaise (s’il y en a véritablement) en dépit du capital affectif de sympathie qu’elle bénéficie de la part des populations congolaises (du aux souffrances qu’elles endurent) souffre d’un manque patent d’implantation politique locale au sein des populations la rendant fragile.

L’opposition congolaise a l’illusion d’incarner une opposition, dans le fond il n’en est rien, car elle s’est illustrée par sa collaboration au système. Elle a permis à Sassou de montrer à l’international qu’il est démocratique. Donc pour cette opposition participer aux élections de 2007 dans les conditions actuelles qui ressemblent à 99% à celles de 2002 équivaut à une collaboration, à la non-démocratie qui existe actuellement au Congo.

Comment cette opposition peut-elle prétendre participer à des élections si elle ne peut s’exprimer librement ? La non libéralisation des médias (radio et télévision) doit être la première condition. Pour prétendre participer aux élections 2007, l’opposition doit exiger l’obtention de la création des radios libres avant septembre 2006.

A l’opposé examinons les raisons qui plaideraient pour une participation aux élections 2007.

Dans un premier temps, il faudrait découpler ces deux élections.

Un second élément qui plaide, une participation même perdue d’avance permets d’installer des réflexes de vote au sein de la population. De prouver à l’ensemble du peuple qui n’est jamais dupe que le pouvoir s’obtient désormais par le vote. Une participation de l’opposition au vote doit être pour elle une occasion d’exposer les contours d’une alternative pacifique à la dictature. Elle peut aussi obliger cette dernière à une ouverture démocratique.

L’opposition doit participer aux élections si elle présente des candidats uniques face au pouvoir dans toutes les circonscriptions, une autre façon pour elle de briser le fameux schéma de confrontation politicienne Nord-Sud à forte connotation ethniciste.

Si elle obtient le décompte des voix de chaque bureau de vote sur place après la clôture des opérations. Avec des téléphones on peut transmettre en temps réel les résultats.

Dernière raison qui plaide pour une participation aux élections, si l’opposition est prête à donner de sa vie, à aller jusqu’au bout de la logique.

En conclusion, on peut dire que les élections de 2007 vont marquer un tournant dans la vie politique congolaise, elles peuvent être le passage enfin trouvé vers la démocratie congolaise ou bien l’enracinement dans la dictature.

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