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le pangolin
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17 septembre 2006

Congo: Que peut faire Antoine Gizenga le 22 septembre 2006?

Après la publication par le CEI des résultats des élections législatives du 30 juillet au Congo on assiste à un ballet de négociations entre les forces ayant participé  à ces élections pour la désignation du futur premier ministre issu de la majorité parlementaire.

La constitution a privilégié les affrontements entre deux camps (majorité-gouvernement et minorité-opposition)au niveau du parlement, surtout pour un pays qui sort de plus de 6 ans de guerre.

Ainsi une fois encore, voici les acteurs politiques congolais et la société civile d’un côté et de l’autre le peuple du Congo face à l’histoire de ce pays et de l’Afrique.

Les résultats sortis des urnes nous amènent à une introspection de l’histoire des autres pays d’Afrique voir du monde démocratique, ici je fais référence aux élections israéliennes et la dernière élection Allemande qui a porté une coalition gauche-droite pour la formation d’un gouvernement.

En effet la troisième position du parti Lumumbiste place non seulement ce parti au centre des débats et de la réflexion prospective de l’avenir du Congo, mais appelle  aussi à revoir les schémas dogmatique de la lecture que les différents observateurs et acteurs de la politique post-électorale en Afrique. Il nous revient de spéculer sur les suites à donner à ces élections.

LA POSITION DU Parti Lumumbiste rappelle avec le recul historique avec beaucoup de similitudes, ce qui c’est déjà passé de l’autre côté de ce fleuve qui donne son nom à ces deux pays.

En 1992, les Congolais de la rive droite du majestueux fleuve Congo ont connu la même chose.

Dans leur volonté de se débarrasser du général Sassou Nguesso du pouvoir, les acteurs de ce pays avaient eu la vue très courte sur la suite à donner après les élections législatives et présidentielles.

A la sortie des urnes, aucun parti politique n’avait obtenu la majorité absolue au parlement. La parti de Monsieur Kolélas arrivé second après celui de Lissouba était dans la position du PALU de Antoine Gizenga celle de faiseur de roi. Kolélas se positionnait en arbitre entre Sassou arrivé troisième à l’élection présidentielle et Lissouba vainqueur de cette élection. Le MCDDI de Kolélas au lieu de rester dans sa position d’arbitre a vite fait de basculer dans le camp de Sassou, de ce fait ressuscitant ce dernier que le peuple n’avait pas voulu pour mémoire Sassou avait obtenu environ 18% des suffrages exprimés. Cette attitude de Kolélas de façon historique sonna le glas de la démocratie retrouvée déjà escamotée par la transition. Cela de façon objective conduisit le Congo dans l’instabilité puis vers des violences de plus en plus ignobles. A partir de janvier 1993 le Congo trempait dans la violence politique gratuite  qui eut son point culminant en 1997 avec le coup d’etat de Sassou qui pour asseoir son pouvoir poursuivit la guerre de 1998 à 2001. Le retour à la dictature à entendre les déclarations des acteurs politiques de ce pays semble effectif et regrettable. Ce pays malgré la flambée des prix du pétrole a près de 70% de sa population en dessous du seuil de pauvreté. Selon les mêmes sources, le Congo de la rive droite est en pleine dictature, pas de médias libres, l’opposition est totalement laminée, la corruption et la médiocrité sont les seules performances que ce pays réalise au niveau international avec arrogance.

En quoi tout cela peut nous inspirer en ce qui concerne l’autre Congo de la rive gauche, avec tout ce qui se déroule à Kinshasa ?

Premièrement l’espoir que les Congolais de Kinshasa ne commettront pas la même erreur que ceux de Brazzaville, même si on dit que l’histoire se répète, souhaitons le contraire.

Deuxièmement c’est la position de  Antoine Gizenga et de son parti Lumumbiste qui devient importante.

Avec 13% des voix au premier tour des élections présidentielles du 30 juillet et fort de la trentaine de ses députés au futur parlement, Antoine Gizenga le fidèle compagnon de Patrice Lumumba a décidément rendez-vous avec le peuple.

Alors que peut-il faire pour ne rater ce rendez-vous historique avec ce peuple ? Lui qui a près de 80 ans ?

Essayons de donner une réponse en analysant les tenants et les aboutissants de chacune des positions qu’il peut prendre. Ces positions sont au nombre de trois.

Pour le 29 octobre 2006,  doit-il appeler à voter pour l’un des candidats, j’avais déjà esquissé un début de réponse dans mon article intitulé que peut Etienne Tshisekédi ? Pour qu’il puisse donner une réponse cohérente, il lui faut déjà éclairer sa position de la constitution de la majorité parlementaire qui se réunira sauf report ou incident le 22 septembre.

Ce qui nous amène à examiner les scénarios possibles  de ralliement du Palu à l’une ou l’autre de deux grandes plates formes (Alliance pour la Majorité présidentielle de Kabila  et le ReNaco de Bemba).

Quel est l’état provisoire des forces en présences sur les 500 sièges à pourvoir de cette assemblée :

AMP près de 230 sièges

RENACO près de 110 sièges

PALU 34 sièges

Les autres dit indépendants et les petits partis il reste environ pour eux  près de126.

Premier cas :

Donc si le Palu bascule dans le camp de l’AMP celle-ci aura la majorité absolue et cela équivaudrait aussi à un soutien au deuxième tour pour Kabila.

Si Kabila gagne alors, il aura en sa possession tous les pouvoirs et difficile pour les Congolais l’ayant déjà vu en œuvre d’avoir un fonctionnement démocratique des forces armées et des institutions.

Si Kabila perd, il pourra avec « intelligence » servir de contre-pouvoir au pouvoir de Bemba. Gageons que vu les ralliements tardifs de certains acteurs politiques à l’AMP et surtout la nature des mœurs politiques africaines que cette majorité vole en éclat dans une situation de cohabitation.

Deuxième cas :

Le PALU  se rallie à Bemba et forme la majorité absolue avec.

Si Kabila gagne, alors Bemba et Gizenga pourront constituer l’opposition crédible évinçant par-là Etienne Tshisekédi  (ce qui n’est pas encore sûr).

Si Bemba gagne, il faut souhaiter que le fait de détenir tous les pouvoirs ne conduisent pas à une arrogance et au non-respect de l’esprit démocratique.

Le Palu se rallie à Bemba, ils n’ont pas la majorité au parlement car 110 + 34 = 144 ce qui n’est pas égal à 251.

Kabila perd les élections mais a le parlement ainsi il pourrait servir de contre-pouvoir.

Bemba perd Kabila a tous les pouvoirs nous revenons à la situation d’avant élections  mais une différence de taille qu’il est légitimé par le peuple. Il ne reste qu’à souhaiter que ce dernier s’engage dans la voie de la République et de la démocratie.

Ces deux cas nous conduisent déjà à deux observations

Pour l’AMP la tâche paraît plus facile si le PALU lui apportait ses 34 sièges

230 +34 = 264 largement au-dessus de 251 pour avoir la majorité absolue stable.

Par contre la tâche semble un peu difficile pour la RENACO  110 + 34 = 144 très loin de 251, il lui faut convaincre individuellement les 126 députés qui se réclament « indépendants » le temps de vendre au plus offrant.

C’est ce qui me fait poser la question suivante : « si le parlement congolais n’avait pas de majorité absolue quelles en sont les conséquences ? »

C’est le troisième cas

Le Palu ne se rallie à aucune force politique et forme son propre groupe parlementaire. Trois situations se présentent.

Malgré le non-ralliement du PALU, l’AMP a la majorité et Kabila gagne les élections présidentielles, c’est le cas de figure déjà examiné ci-dessus.

L’AMP a la majorité mais Kabila perd, on peut espérer qu’il joue le rôle de contre-poids et donne tout son rôle au parlement.

Malgré le non-ralliement du PALU le RENACO a la majorité et Bemba gagne les élections présidentielles, c’est aussi le cas examiné ci-dessus tout comme que Bemba perd, on peut espérer qu’il joue son rôle de rééquilibrage du paysage politique.

Enfin le PALU ne se rallie  à aucune plate-forme, et aucune majorité parlementaire ne se dégage. Quels en les scénarios possibles ?

A/ une instabilité politique permanente, du fait même de la versatilité et la pusillanimité de la plupart des acteurs politiques congolais.

B/  Et de l’autre c’est une chance d’avoir un parlement où le débat politique a réellement sa place. Toutes les sensibilités seraient prises en compte. La recherche du consensus obligerait à une culture de concession et de dialogue.

Le fait qu’à chaque fois il faille rechercher la majorité, cela peut être source de plus de démocratie, les députés ayant par cette occasion le pouvoir sur le gouvernement.

Et c’est sur ce point que le PALU et les 126 autres députés ont intérêt à garder leur indépendance. Les Congolais doivent se souvenir même si la formule 4+1 =  0  a au moins eu le mérite de calmer et stabiliser la situation de guerre fratricide qui régnait dans ce pays. Un président avec 4 vice-présidents a permis d’aller à ces élections. Toute mesure et raison gardées, il faut souhaiter compte tenu du contexte particulier de sortie de guerre et de dictature il faille d’accepter un état intermédiaire qui puisse renforcer le basculement intégral et définitif du Congo dans la République et la Démocratie, l’exemple sud-africain est là pour nous y encourager.

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